Collectif du Ramier
Ma première prestation et probablement la plus iconoclaste : j’ai commencé par m’investir dans le collectif du Ramier en tant que bénévole avant d’être embauché comme prestataire sur quatre mois, tant sur les sujets numériques que sur l’animation du collectif. Un sacré numéro d’équilibriste dans un contexte très particulier.
Le collectif du Ramier est une tentative d’insérer de manière forte et proactive les associations toulousaines dans les concertations de la Mairie de Toulouse concernant le réaménagement de l’île du Ramier. Le projet a été initié principalement par Sylvain Galinier, qui a tenté de rassembler autour de cet objectif des associations écologistes mais aussi sportives et culturelles de Toulouse. Initialement, le projet avait l’aval de 200 associations, mais son ambition originale a été mise à mal et il reste actuellement un jardin partagé dans le Parc de la Poudrerie.
En septembre 2021, le collectif a acté l’embauche d’un coordinateur (un Volontaire en Service Civique de FNE Midi-Pyrénées) et d’un facilitateur et référent numérique (votre serviteur).
Contexte difficile
Le Collectif du Ramier a eu dès son lancement un problème fondamental de gouvernance. Malheureusement, à cause de cela, et malgré une décision mûrement débattue, la légitimité du coordinateur et la mienne ont beaucoup été remises en cause, sur leur principe même comme sur les missions afférentes.
De plus, mon poste comportait beaucoup trop de missions différentes puisqu’il s’agissait de structurer entièrement le collectif sur la base d’un existant peu clair, ainsi que de gérer et faire évoluer ses outils numériques. Gardons également à l’esprit que c’était ma première réelle prestation de facilitation.
Missions
Extraits de la fiche de poste (rédigée par moi et amendée par d’autres membres) :
Facilitation
Le/la facilitateur-trice doit permettre au collectif “d’avancer” et de “sentir qu’on avance”, c’est-à-dire de faire émerger démocratiquement un cadre collectif propice à l’efficacité, le plus horizontal et convivial possible. Il s’agit in fine de réduire les frustrations, créer un sentiment de sécurité et faciliter l’intégration, l’acculturation et la collaboration de toutes les parties prenantes du collectif, ainsi que de contribuer à construire une dynamique de long terme sur des bases durables.
- Proposer des outils d’intelligence collective et de gouvernance partagée
- Proposer un cadre de réunions explicite, convivial, inclusif et efficace
- Permettre l’explicitation et la légitimation du cadre de gouvernance
- Rendre visible les décisions structurantes
- Organiser et animer des temps réflexifs sur la vision, la gouvernance, les objectifs, les bilans, la structuration du Collectif, etc. notamment avec le soutien du parcours ADRESS, de la Volte ou d’autres organismes d’accompagnement.
- Publier des synthèses de ces temps
- Assurer la mise à jour des documents officiels de la Fédér’Action du Ramier :
- les statuts
- le règlement intérieur
- et les faire valider collectivement par les membres adhérents
- Maintenir et enrichir la communication intra- et inter-groupes
- Bonifier et fluidifier les relations entre fonctions support (informatique, communication, finance) et groupes de travail
- rendre accessibles les questions budgétaires au reste du Collectif
Ainsi que les missions réparties entre coordination et facilitation :
- Préparer des sessions d’accueil des nouveaux membres et développer un pôle d’accueil pour orienter et acculturer les bénévoles
- Préparer des sessions d’accueil des nouvelles structures ou structures potentielles
- Mettre en place une gestion de projet avec le bureau et la présenter en réunion de coordination du Collectif
- Mettre à jour un ou des document(s) de suivi des tâches (GANTT, feuilles de route), le(s) présenter et y faire référence lorsque nécessaire pour guider le collectif dans les arbitrages.
Outils numériques
Extraits de la fiche de poste (rédigée par moi et amendée par d’autres membres) :
Le-la référent-e informatique a pour objectif d’assurer le bon fonctionnement des outils informatiques du Collectif, d’assurer un support sur ces outils aux membres du Collectif, ainsi que de proposer et réaliser une transition vers des outils libres tout en s’assurant que ces outils restent au service du Collectif et facilitent la vie des humains plutôt que de la compliquer.
- Répertorier les outils utilisés, leurs conditions d’accès et leurs modalités d’utilisation
- Former les membres du Collectif à l’utilisation des outils
- Proposer des scénarios de transition vers des outils libres Réaliser la transition vers des outils libres si possible, dans une optique pragmatique et inclusive
Médiation
J’ai également réalisé une gestion de conflit entre deux membres de la coordination.
Conclusion
Le projet initial du Collectif du Ramier a échoué et une subvention régionale obtenue par les votes citoyens devrait être en partie rendue. J’ai vécu cette prestation comme une forme d’échec, bien que je ne m’en attribue pas l’entière responsabilité. J’aurais dû prendre une meilleure mesure de l’immensité de la tâche qui m’incombait, et qui n’aurait pas dû incomber à un facilitateur, eut-il eu davantage d’expérience : le collectif était grippé et est resté une vue de l’esprit qui n’a pas su convaincre pour être partagée au-delà d’un tout petit cercle. Le projet a dès le départ été pensé comme tentaculaire dans son organisation, ce qui a été un frein pour nombre de personnes, tout en étant soumis à un nombre incroyable de contraintes administratives et logistiques. En bref, un facilitateur doit avoir quelque chose à faciliter, pas à créer par magie.
J’ai eu la chance d’être rémunéré pour ce travail dans un projet clairement militant et visionnaire (sûrement trop), et il m’a permis de démarrer mon activité, mais j’en retire surtout des leçons sur ce que je peux accepter ou non.